Le châteaux du Roi est ouvert au public la majeure partie de l’année (hors pandémie : toutes les vacances scolaires, tous les week-ends et jours fériés d’avril à novembre, tous les jours en juillet-août, toute l’année à la demande pour les groupes et les scolaires). Un agent à temps partiel, Géraldine Imbert, est affectée à l’accueil/billetterie/boutique, assure les visites commentées, prépare et propose des séances de médiation.
(source : Communauté de communes Couserans Pyrénées).
C’est une charte signée des seigneurs du lieu et du roi Philippe le Hardi qui, peu avant 1280 organisa le bourg de Seix dont le territoire constitua dès lors une enclave du Languedoc royal au plus profond du comté de Comminges.
En échange de la garde de la frontière, la charte, signée du roi de France Philippe III le Hardi, accordait des privilèges excessivement favorables à l’or-ganisation municipale.
Ce n’est pas seulement contre les envahisseurs que les habitants de la commu-nauté de Seix ont déployé l’énergie de leur caractère: ils ont aussi lutté contre l’autorité des seigneurs locaux. Ils tenaient à dépendre du roi seul, préférant un maître lointain à des despotes immédiats.Le blason de la ville a comme devise «Soùn de Seich, cap de paùr» (je suis de Seix, je n’ai pas peur). Il est composé de deux poissons surmontés de deux clés en sautoir qu’on peut interpréter comme symboles de la défense des cols et des rivières. L’histoire de Seix fut toujours intimement liée à la frontière : on s’alarmait en temps de guerre, mais, au quotidien, les « lies » et « passeries », contrats passés avec les villageois espagnols, ouvraient les immenses estives du versant espagnol. Les foires et marchés du village voyaient s’échanger animaux de bât, viandes et fromages du Couserans, graines du Languedoc avec les vins, huiles, sel et laines d’Espagne.Les relations transfrontalières décrurent au 19ème siècle comme partout dans les Pyrénées centrales : Seix fut alors le lieu d’accueil ou de départ des Emigrés fuyant la Révolution, des Carlistes, des Républicains espagnols, des Évadés de France et de personnes fuyant la barbarie nazie.
Seix haut lieu de l’Histoire
Seix devrait-il son statut particulier au voisinage ibérique ?
De Seix en effet, deux cols permettent de franchir les Pyrénées centrales : Salau 2087m d’altitude et Aula 2260 mètres.
Au cours des siècles, diverses peuplades se sont installées sur chacun des deux versants. Des alliances de toutes sortes – mariages compris – de terribles luttes de pouvoir ont tissé entre les deux pays, une histoire commune, dont la trame est faite de complémentarités naturelles et de sympathies identitaires.
Pas de barrière pour la conversation, mais surtout des préoccupations communes quant à l’élevage du bétail et à la vie pastorale dans son ensemble.
Pourtant, bien qu’abrité derrière les cols, Seix, assurait consciencieusement le rôle de sentinelle qui lui était imparti : « obligés de faire le guet nuit et jour aux passages d’Espagne », surveillants sans relâche les « miquelets » (troupes levées par la Députation de catalogne auxquelles on confiaient des missions de police, de guérilla ou d’embuscade).
Blason et devise
Le 13 juillet 1900, la Société Archéologique de l’Ariège tenant séance à Seix, citait la description des armoiries de la ville tirée de la notice du Docteur Bordes-Pagès sur le Couserans. « Deux clefs en sautoir surmontant deux poissons, pour indiquer sans doute que cette commune était comme un geôlier tenant les clefs du passage au-dessus des rivières ».
Longtemps, le blason martelé tenu par deux anges, sur le bas-relief de pierre situé au-dessus de l’ancienne porte d’entrée de l’église, porta cet emblème ainsi que la devise suivante minutieusement gravée à l’intérieur du blason :
« Soum de Seich, Cap de Paùr »
« Je suis de Seix, je n’ai pas peur… ».
Village carrefour, Seix est bâti sur la rive gauche du Salat, à sa confluence avec l’Esbints.
La Mairie actuelle est située face à l’église, sur la place principale du village. Une plaque de marbre noir est fixée au premier étage de l’édifice et porte la date de l’inauguration : 1844.
Seix ville franchisée et libre
Ce serait à son retour d’Espagne, en l’an 778, que Charlemagne et sa mère Berthe s’arrêtèrent à Seix. En hommage au Roi, une rue porte le nom de « carrè det Rey » actuellement « rue du Roy ».
L’histoire générale du Languedoc nous enseigne que le Roi signa la première charte. « Le bon feu Roi Charlemagne à l’instigation de sa mère Berthe …donna et octroya les libertés et franchises, leur baillant bois, montagnes… et eaux…
La charte de privilèges est constituée de 74 articles écrits en roman.
Ces documents octroyés à certaines communes garantissent les libertés de leurs habitants, tout en réglant les conditions nécessaires à leur existence.
La Charte de Seix est favorable aux libertés locales. En effet, liberté et moyens de vivre sont assurés (émancipation des personnes et des biens). L’organisation municipale était pratiquement laissée à la disposition des nouveaux affranchis.
Une étude d’ensemble de ce texte, nous révèle une société très organisée. Dans cette société codifiée, l’honneur occupe une place précise.
Agressions sexuelles, adultères, viols, contraintes tout est prévu dans les détails, amendes précises pour délits caractérisés. Même les enfants de dix ans sont reconnus responsables et non leurs parents. Voler la nuit coûte plus cher que voler le jour.
Par les privilèges de Charlemagne, les seigneurs de Seix peuvent amener le bétail étranger paître sur les montagnes du lieu, la jurisprudence évoquée dans l’article final, rappelle la perpétuité des franchises sur les bois, eaux et montagnes ainsi que le serment des seigneurs, de ne pas s’opposer aux libertés actées.
La Charte de privilèges accordée à la ville de Seix en 778 par Charlemagne, fut confirmée par le Roi de France Philippe le Hardi à Toulouse le 2 Mars 1280 ; confirmée et augmentée en 1328 par Philippe de Valois à Compiègne. En août 1547 par le Roi Henri II. En l’an 1565 sous Charles IX ; enfin au mois de Janvier à Paris par Louis XIII.
Les châteaux
1 – Le château du Roi était situé sur l’esplanade du POUECH
Dès 1572, grâce à plusieurs textes fiables des Services des Archives Départementales de l’Ariège et de l’Hérault, montrent qu’à cet emplacement serait « installée une garnison, aux frais du diocèse, pour parer aux attaques des protestants, servir de défense à la ville et au passage d’Espagne ».
En 1750 -1752, il est considéré, par le Seigneur du lieu, comme un vieux château nommé aussi le château du POUECH, n’est ni habité, ni loué et sert de prison. (Emplacement et surfaces cadastrés sur l’Extrait du Cadastre napoléonien).
2 – Le Château de BALBI de VERNON
Donne au village un cachet familier. Situé en plein centre, il est bâti en pierres de tailles revêtues d’un crépi à la chaux. Deux tours, une au nord, l’autre à l’ouest, une échauguette au sud, à hauteur du troisième étage, une muraille sur la façade Est jouant le rôle de courtisane.
On ne connaît pas les dates de sa construction. On sait qu’au cours des alliance successives, le nom de BALBI sera associé à celui de VERNON par un décret du Roi Charles X.
Le château subira les outrages des siècles et des Hommes. Acheté en 1947 et très heureusement Restauré par Madame et Monsieur LEGLER, inscrit sur l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques arrêté du 16 mars 1994, il appartient actuellement à la Communauté des Communes Couserans Pyrénées. Centre d’interprétation du patrimoine des vallées du Couserans.
3 – Les châteaux médiévaux de MIRABAT et de LA GARDE
Situés à 1272 mètres et 822 mètres d’altitude, le premier a gardé trois de ses murs de marbre blanc d’un mètre d’épaisseur. Un précipice d’une centaine de mètres le protège du côté sud.
Le second est beaucoup plus conservé.
Un mur conclave retient particulièrement l’attention.
Quant à leurs origines, un texte met en apparence la construction de ces deux châteaux. « Le Roi de France Louis IX épure son contentieux avec le Roi d’Aragon en 1258 lors du traité de Corbeil… La frontière est fixée et on la borne par un réseau de châteaux (LA GARDE et MIRABAT) ont été construits à 1000 mètres d’altitude dont l’utilité est politique et militaire manquant ainsi la frontière »
La vie religieuse de Seix
Les cloches et son clocher ont rythmé le cours des jours de nos ancêtres, sonné joies et tristesse. Le premier clocher connu fut construit en 1541. Sur une pierre encastrée dans l’ancien mur d’entrée de l’église, on lit : « l’an 1541 fut fondé le présent clocher-mur et son porche »
L’église Saint Etienne est située au confluent du Salat et de l’Esbints. Reconstruite et fortifiée au XIIIe S., elle participait au système défensif du village. On y entrait par une petite porte située sur la façade occidentale qui fut murée au XVIIIe S. La nouvelle entrée, percée sur la façade septentrionale devenait ainsi la nouvelle nef.
La nouvelle façade, de style baroque est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
Mentionnée pour la première fois en 1235, la paroisse de Seix relevait du Diocèse de Toulouse avec lequel elle partage le même vocable, celui du protomartyr Saint Etienne. Un retable en bois doré évoque sa lapidation. Sont classés, les lambris du chœur portant les quatre évangélistes, identifiés par leurs symboles respectifs.
Les chapelles latérales possèdent chacune un retable. Une « Vierge à l’Enfant » et une statue de « Saint Jacques » en terre cuite dorée.
Cinq vitraux dont deux sont placés de part et d’autre du Maître Autel représentent Saint Etienne enseignant et assistant les pauvres.
On ne saura jamais qui repose sous la dalle de marbre découverte lors des travaux de réfection du vieux plancher de l’église !
Enfin, le Baptistère Hexagonal (abside de l’église primitive) s’orne des toiles généreusement offertes par l’artiste-peintre René GASTON-LAGORRE : Parabole du Bon Pasteur étranglant le loup ; Vierge à l’Enfant au visage typique des femmes du pays : un remarquable baptême du Christ ; un Saint Etienne « les yeux levés au ciel » tenant la palme du Martyre.
Des marbres variés, dont la majorité provient des carrières locales, constituent les matériaux naturels des sols, autels et bénitiers.
Un fleuron de l’Art Roman
La Chapelle de Notre-Dame de la Pitié désignée sur l’ancien cadastre « Chapelle du Faubourg La capelle » est séparée du l’ancien presbytère par un jardin. Une pierre encastrée au-dessus du portail porte le millésime 1660.
Haute de neuf mètres du sol au plafond, sa surface est de 190m2. Elle comprend deux chapelles latérales consacrées à Sainte Anne et Saint Joseph. Les voûtes sont peintes. Dans le chœur, on peut admirer une Piéta placée sous Ciborium.
Une petite statue en bois polychrome dite « Vierge miraculeuse particulièrement vénérée à l’occasion des fêtes mariales. Le visage de la Vierge, rejeté en arrière exprime une douleur intense : le corps de Christ est placé face avant.
Aujourd’hui, la clé de voûte où figure une « Vierge aux sept Épées » est en cours de rénovation. La chapelle est fermée au public.
Les sorcières de Seix
Qui ne connaît pas le terme de « brouches ». Chez nous il est associé à celui de femmes redoutables et redoutées, dont il fallait fuir la présence.
La sorcellerie ariégeoise est condamnée très tôt par l’Église. Elle privait de sacrements et pouvait excommunier ceux et celles ayant recours aux diverses formes de sorcellerie : divination, présages, sortilèges, envoûtements, etc…
Au XIVe S, le Tribunal de l’Inquisition est chargé de réprimer celles et ceux qui s’adonnent à ces pratiques.
Les premiers procès connus dans le Couserans datent de 1562.
A Seix, Mathe de Ga, âgée de soixante-dix ans, fut arrêtée sur dénonciation de ses fils. Elle avoue rapidement et exécutée le 28 avril 1562. Trois mois plus tard, Arnaude de Barrau, quarante-cinq ans fait l’objet d’une enquête, puis soumise à la question. Philippe du Rieu (fille de Mathe de Ga), âgée d’une trentaine d’années a été dénoncée par sa mère et arrêtée.
Toutes les trois furent brulées sur la place publique du village, proche de l’église.
Une passade à Seix leur est consacrée : « Impasse des 3 Sorcières »
Articles tirés du livre de Marie AZAM « SEIX EN LANGEDOC – Des Hommes et des Rois ».
Ouvrage vendu au profit de l’Association Patrimoine Seixois.